Un nouveau rapport au travail
Et si le vrai luxe, en 2025, n’était plus le salaire… mais le temps ?
C’est ce qu’a découvert Claire, 32 ans, cadre dans une PME lyonnaise. Quand son employeur lui a proposé une promotion, elle a refusé : plus de responsabilités, plus d’heures, mais moins de temps pour elle. « Je préfère gagner un peu moins, mais avoir une vie. »
Longtemps, ce type de choix paraissait marginal. Aujourd’hui, il traduit une évolution profonde du rapport au travail. D’après le baromètre Malakoff Humanis 2025, près de 67 % des salariés affirment privilégier l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle plutôt qu’une hausse de salaire. Même les jeunes diplômés — censés “faire leurs preuves” — plébiscitent la flexibilité avant la rémunération.
Cette mutation n’est pas qu’une mode. Elle marque un tournant sociologique majeur, révélateur d’un changement durable des valeurs au sein des entreprises françaises.
Un tournant sociologique majeur
Depuis la pandémie et l’essor du télétravail, le travail n’est plus seulement un moyen de gagner sa vie : il est devenu une partie intégrante de la vie, à équilibrer.
Les frontières entre sphère professionnelle et personnelle se sont effacées, poussant les salariés à revendiquer plus de temps libre et de bien-être au travail.
Les causes de cette bascule sont multiples :
- la fatigue chronique accumulée depuis 2020,
- la montée des risques psychosociaux (RPS),
- la recherche d’un sentiment d’utilité et de cohérence personnelle,
- et la désillusion face au “travailler plus pour gagner plus”.
Une étude menée par Qualisocial en partenariat avec Ipsos montre qu’en 2025, 1 salarié sur 4 se déclare “épuisé moralement”. En parallèle, le pouvoir d’achat réel stagne malgré les revalorisations.
Résultat : le temps devient la nouvelle monnaie.
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Le pouvoir d’achat ne suffit plus à motiver
En apparence, les salaires augmentent. En réalité, l’inflation grignote les gains et entretient un sentiment d’insatisfaction. Selon une étude EY 2025, le revenu réel moyen des salariés français a reculé de 0,7 %.
Mais la question n’est plus seulement économique : elle est émotionnelle.
Les salariés ne veulent plus “travailler pour vivre”, ils veulent vivre mieux grâce à leur travail.
Cette recherche d’un équilibre durable traduit une évolution des motivations :
Ce n’est pas la fiche de paie qui fidélise, mais la sensation d’être reconnu, utile et libre.
Les DRH parlent désormais de “salaire émotionnel” : la flexibilité, la confiance et la reconnaissance ont plus de valeur qu’une prime ponctuelle.
Les nouvelles attentes générationnelles
Génération Z : le refus du carcan
Chez les 20-30 ans, la génération Z bouleverse les codes.
Elle refuse les horaires rigides, exige du télétravail ou du “travail hybride”, et rejette la hiérarchie verticale.
Selon une enquête LinkedIn 2025, 58 % des jeunes actifs considèrent la liberté d’organisation comme “non négociable”.
“Nos jeunes recrues ne veulent pas d’un CDI à vie, mais d’un quotidien à la carte”, confie le DRH d’une PME de Bordeaux.
Millennials : l’équilibre familial
Les trentenaires et quadragénaires recherchent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
Ils privilégient la proximité, la flexibilité horaire, et sont plus enclins à refuser des postes exigeant des déplacements fréquents.
Génération X et managers : la préservation de la santé mentale
Les managers, souvent “maillons du milieu”, cherchent à protéger leur santé mentale.
Une étude Gallup 2025 montre que près de 6 managers sur 10 se sentent “épuisés moralement”.
Cette tendance rejoint celle du désengagement managérial, que nous analysons dans Managers à bout : l’étude 2025 qui explique l’explosion du désengagement (et quoi faire).
Malgré leurs différences, ces générations convergent : toutes aspirent à retrouver du temps de vie.
Ce que disent les chiffres 2025
Les données convergent et confirment ce basculement :
- 67 % des salariés placent l’équilibre de vie avant la rémunération.
- 59 % souhaitent tester la semaine de quatre jours.
- 74 % réclament plus de flexibilité sur les horaires.
- 1 sur 4 se dit “fatigué mentalement”.
Ces chiffres illustrent une réalité : le modèle “travailler plus pour gagner plus” s’essouffle.
Il cède la place à un nouvel idéal : “travailler mieux pour vivre mieux.”
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Comment les entreprises s’adaptent
Face à cette évolution, certaines entreprises ont pris le virage de la qualité de vie au travail (QVCT).
Elles comprennent que le bien-être des salariés devient un levier de fidélisation et de performance.
Parmi les exemples les plus marquants :
- Décathlon expérimente les horaires flexibles selon le rythme personnel.
- Alan, assureur santé, a supprimé la notion d’horaires fixes.
- Une PME toulousaine teste le “vendredi projet” : une journée par semaine pour les initiatives personnelles.
Ces pratiques répondent à une demande précise : “comment concilier travail et vie personnelle ?”
Elles participent aussi à la prévention des risques psychosociaux et à la réduction de l’absentéisme.
Les entreprises qui s’engagent dans cette voie constatent des bénéfices mesurables : baisse du turnover, hausse de la satisfaction, et attractivité accrue.
Là où hier le salaire suffisait à attirer, aujourd’hui l’équilibre fidélise.
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Ce qu’il faut retenir
En 2025, le travail se redéfinit.
L’argent reste essentiel, mais il ne suffit plus à donner du sens.
Les salariés veulent du temps, de la reconnaissance, et un quotidien soutenable.
Les entreprises capables de leur offrir cet équilibre gagnent plus qu’une simple main-d’œuvre : elles fidélisent des talents engagés.
Le salaire motive, l’équilibre fidélise.
❓ FAQ
Pourquoi les salariés préfèrent-ils l’équilibre à la rémunération ?
Parce que la fatigue, le stress et la perte de sens ont remis en question la logique du “travailler plus pour gagner plus”. Le bien-être et le temps libre sont devenus des priorités vitales.
Comment améliorer la qualité de vie au travail ?
En agissant sur la QVCT : flexibilité horaire, télétravail, charge de travail soutenable, reconnaissance managériale et prévention des RPS.
Quels secteurs favorisent cet équilibre ?
Les entreprises du numérique, des services et du conseil sont pionnières, mais l’industrie et la fonction publique s’y convertissent progressivement.
L’équilibre vie pro/vie perso nuit-il à la productivité ?
Au contraire : les études 2025 montrent qu’un salarié épanoui est 31 % plus productif et 2,5 fois plus fidèle à son entreprise.
Références externes

