un outil clé pour passer du DUERP à l’action
Vous avez réalisé ou mis à jour votre Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) ? Parfait. Mais ce document ne suffit pas : il doit désormais se traduire en actions concrètes de prévention, planifiées et suivies dans le temps.
C’est exactement le rôle du PAPRIPACT, le Programme Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d’Amélioration des Conditions de Travail.
Obligatoire dans de nombreuses entreprises depuis la loi du 2 août 2021, ce plan est bien plus qu’une simple formalité administrative. C’est un outil stratégique qui vous permet de piloter votre démarche de prévention, d’impliquer vos équipes et de renforcer la sécurité au quotidien.
Dans cet article, vous allez découvrir comment construire un PAPRIPACT clair, réaliste et efficace, en suivant une méthode simple, conforme à la réglementation 2025.
1. Qu’est-ce que le PAPRIPACT ?
Le PAPRIPACT (souvent prononcé “papripacte”) est le prolongement naturel du DUERP.
Il vise à planifier et hiérarchiser les actions de prévention que l’entreprise souhaite mettre en œuvre pour réduire les risques identifiés.
Concrètement, il s’agit d’un document qui recense :
- Les risques prioritaires identifiés dans le DUERP,
- Les actions de prévention à engager,
- Les moyens humains, techniques et financiers alloués,
- Les responsables et délais de mise en œuvre,
- Et un suivi annuel des réalisations.
💡 À savoir :
Depuis la loi du 2 août 2021, toutes les entreprises de plus de 50 salariés doivent établir un PAPRIPACT annuel.
Pour les structures plus petites, il n’est pas obligatoire, mais vivement recommandé, car il facilite le suivi des actions issues du DUERP.
2. Pourquoi le PAPRIPACT est indispensable
2.1. Une obligation réglementaire encadrée
L’article L4121-3-1 du Code du travail impose aux employeurs de planifier la prévention à travers un programme annuel.
C’est une exigence qui découle directement du principe de prévention continue : identifier, évaluer, agir.
🔗 Texte officiel sur Légifrance – Code du travail L4121-3-1
2.2. Un outil de pilotage stratégique
Le PAPRIPACT n’est pas qu’un tableau administratif : il devient un levier de performance pour votre entreprise.
En suivant vos actions, vous pouvez :
- Réduire les accidents du travail et maladies professionnelles,
- Améliorer le bien-être et la motivation des salariés,
- Mieux planifier vos investissements sécurité,
- Valoriser votre politique RSE,
- Et prouver votre engagement auprès de l’inspection du travail ou de la CSE.
2.3. Un document de dialogue social
Le PAPRIPACT est aussi un support d’échange avec vos représentants du personnel, notamment la CSE (ou la F3SCT dans les établissements publics).
Il favorise la transparence et la concertation autour des priorités de prévention.
🔗 Voir aussi sur mondedutravail.fr :
Rôle du CSE dans la santé et sécurité au travail : un acteur clé de la prévention
3. Les étapes pour construire un PAPRIPACT efficace
Étape 1 – Identifier les priorités à partir du DUERP
La première étape consiste à analyser votre DUERP.
Repérez les risques les plus critiques, c’est-à-dire ceux dont la combinaison probabilité / gravité est la plus élevée.
Ces risques doivent être priorisés dans le plan d’actions.
💬 Exemple :
Si vous avez évalué un risque de troubles musculosquelettiques (TMS) élevé sur un poste de manutention, votre PAPRIPACT doit prévoir des actions concrètes pour réduire ce risque : aménagement de poste, formation gestes et postures, achat de matériel ergonomique…
Étape 2 – Définir des actions de prévention concrètes
Chaque risque prioritaire doit être associé à une ou plusieurs actions.
Pour cela, appuyez-vous sur les trois axes de prévention définis par la méthode OTH :
- Organisationnel : modifier les procédures, horaires, formations…
- Technique : investir dans du matériel, adapter les locaux, améliorer la ventilation…
- Humain : renforcer la communication, la formation, l’écoute, le management…
🧠 Conseil : privilégiez les mesures de prévention primaire, c’est-à-dire celles qui suppriment le danger à la source plutôt que de le compenser.
Étape 3 – Déterminer les moyens et les responsabilités
Chaque action doit être clairement attribuée à un responsable (direction, RH, QSE, chef d’équipe…).
Il faut aussi prévoir :
- Le budget estimatif,
- Les ressources nécessaires (temps, matériel, compétences),
- Les délais de réalisation.
Un bon PAPRIPACT doit être réaliste : mieux vaut planifier peu d’actions bien suivies que trop d’objectifs inatteignables.
Étape 4 – Planifier le suivi
Pour chaque action, précisez un indicateur de suivi :
par exemple, “nombre de salariés formés”, “taux d’accidents”, “résultats d’audit interne”.
Ce suivi doit être présenté chaque année à la CSE ou à la F3SCT et intégré dans la mise à jour du DUERP.
🔗 Pour aller plus loin : Construire et mettre à jour votre DUERP
4. Exemple concret de PAPRIPACT
Risque identifié | Action de prévention | Responsable | Échéance | Indicateur de suivi |
---|---|---|---|---|
TMS (manutention) | Achat de chariots élévateurs ergonomiques + formation gestes et postures | Responsable QSE | Décembre 2025 | Taux d’AT liés à la manutention |
Risque incendie | Mise à jour du plan d’évacuation + exercice annuel | Responsable sécurité | Juin 2025 | Nombre de participants à l’exercice |
Risque RPS | Mise en place d’un groupe d’écoute et de sensibilisation au stress | DRH | Septembre 2025 | Enquête de satisfaction annuelle |
Risque chimique | Substitution d’un solvant dangereux par un produit sans CMR | Chef de service | Avril 2025 | Fiches de données de sécurité mises à jour |
Cet exemple illustre bien la logique opérationnelle du PAPRIPACT : chaque action découle d’un risque concret, avec des responsabilités claires et des indicateurs mesurables.
5. Les erreurs à éviter
❌ Faire un plan trop ambitieux
Un PAPRIPACT doit être réalisable dans l’année.
Évitez de multiplier les actions sans moyens suffisants : cela décrédibilise la démarche.
❌ Négliger la concertation
Associer les salariés et leurs représentants est essentiel.
Ils connaissent le terrain et peuvent proposer des actions pragmatiques souvent plus efficaces que des mesures descendantes.
❌ Oublier le suivi
Un plan sans évaluation ne sert à rien.
Le suivi régulier permet de mesurer les progrès, d’ajuster les priorités et de montrer votre engagement auprès des organismes de contrôle (Inspection du travail, Carsat, etc.).
🔗 Voir aussi : Culture sécurité : comment construire un état d’esprit “zéro accident”
6. PAPRIPACT et obligations réglementaires : ce qu’il faut savoir
Depuis mars 2022, la réforme de la santé au travail renforce les obligations des employeurs :
- Le DUERP doit être conservé 40 ans et déposé sur un portail numérique à partir de 2025 pour les entreprises de plus de 150 salariés.
- Le PAPRIPACT devient le document de référence pour démontrer la mise en œuvre d’actions de prévention.
- Il doit être présenté chaque année à la CSE/F3SCT.
Cette évolution vise à assurer une traçabilité dans le temps des démarches de prévention.
7. Impliquer toute l’entreprise : la clé du succès
Un PAPRIPACT réussi repose sur la participation de tous les acteurs :
- La direction, qui donne les moyens et la vision,
- Les managers, qui relaient les consignes et observent les situations de travail,
- Les salariés, qui sont au cœur de la prévention,
- Et bien sûr, la CSE ou F3SCT, qui suit et évalue le plan.
Impliquer vos équipes crée une culture partagée de la sécurité et transforme les obligations réglementaires en une dynamique collective.
8. Comment présenter votre PAPRIPACT
Votre plan doit être formalisé sous un format clair et structuré.
Un modèle type comprend :
- Introduction : contexte, objectifs, lien avec le DUERP
- Bilan de l’année précédente : actions réalisées, indicateurs, freins
- Liste des actions prévues : avec priorités et moyens
- Suivi et évaluation : calendrier, responsables, indicateurs
Ce document peut être présenté en réunion CSE ou intégré directement dans votre système de management QHSE.
9. En résumé : le PAPRIPACT, un levier pour la performance durable
Le PAPRIPACT n’est pas une contrainte supplémentaire, mais une opportunité : celle de transformer vos obligations en un plan d’amélioration continue au service de la santé, de la performance et du climat social.
En 2025, les entreprises qui réussissent sont celles qui intègrent la prévention au cœur de leur stratégie.
Un PAPRIPACT bien conçu, suivi et partagé devient un véritable atout de compétitivité et un gage de sérieux vis-à-vis de vos partenaires et salariés.
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