Tu culpabilises à l’idée de ralentir ? Tu t’accordes rarement du temps pour souffler, de peur de “perdre du temps” ou de paraître moins investi·e ? Et si, au contraire, prendre soin de toi était ta meilleure stratégie pour avancer ?
Le mythe de la performance continue
Depuis l’école, on nous apprend à aller vite, à produire, à enchaîner. Nos agendas sont remplis, nos journées chronométrées. La société valorise les individus “productifs”, qui “ne lâchent rien”. Dans ce contexte, prendre du temps pour soi peut presque sembler… suspect.
Même en dehors du travail, la pression persiste. Il faudrait faire du sport, cuisiner sain, entretenir ses relations, développer sa carrière, rester informé·e… tout en gardant le sourire. Et si on n’y arrive pas ? On culpabilise. On se dit qu’on manque de volonté. On oublie que le repos est un besoin, pas un caprice.
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Prendre soin de soi, ce n’est pas être égoïste
Tu n’es pas “faible” si tu ressens le besoin de faire une pause. Tu es humain·e. Et si tu attends d’être au bout du rouleau pour agir, il est souvent déjà trop tard. Burn-out, troubles anxieux, fatigue chronique… Les signaux d’alerte ne doivent pas être ignorés.
Prendre soin de soi, c’est entretenir ton moteur pour continuer à avancer, sans griller toutes tes ressources. C’est un investissement. Et cet investissement profite à tout le monde : à toi, à ton entourage, à ton travail.
Prenons un exemple simple. Une collaboratrice qui dort mieux, mange mieux, et a le temps de souffler sera bien plus efficace, créative et agréable que celle qui court partout avec le stress au ventre.
Pourquoi on culpabilise quand on ralentit
La culpabilité ne vient pas de nulle part. Elle est le fruit d’un conditionnement social, culturel… et parfois familial. On a appris que :
- Travailler dur = valeur personnelle
- Se reposer = paresse
- Prendre soin de soi = luxe ou caprice
Mais ces équations sont fausses. Le repos ne s’oppose pas à l’effort : il en est le complément indispensable.
Un sportif de haut niveau alterne entraînements intensifs et phases de récupération. Un musicien ne joue pas en continu, sinon il se blesse. Pourquoi en serait-il autrement pour toi ?
Les multiples formes du “prendre soin de soi”
On associe souvent le self-care à des bains moussants ou des massages aux huiles essentielles. Mais il peut prendre mille visages, en fonction de tes besoins réels.
Voici quelques exemples concrets :
Prendre soin de soi, c’est… | Ce que ça t’apporte |
---|---|
Dire non à une réunion inutile | Du temps et de l’énergie |
Sortir marcher 15 minutes | Une baisse du stress immédiate |
Éteindre ton téléphone le soir | Une meilleure qualité de sommeil |
Prendre un rendez-vous médical | Prévenir au lieu de subir |
Méditer ou respirer 3 minutes | Recentrage et clarté d’esprit |
Ne rien faire du tout | Repos et déconnexion mentale |
Et tu n’as pas besoin de “le mériter” pour y avoir droit.
Ce que dit la science : prendre soin de soi augmente la performance
De nombreuses études montrent que les personnes qui s’accordent régulièrement des pauses, du sommeil de qualité, une alimentation équilibrée ou du sport modéré sont plus productives, moins absentes, et plus engagées dans leur travail.
Selon une étude de Harvard Business Review, les salariés qui prennent du temps pour eux sont 31 % plus productifs que ceux qui se sentent constamment sous pression.
D’autres recherches montrent que la culpabilité chronique liée au repos peut aggraver les troubles anxieux et réduire la concentration.
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Les injonctions paradoxales : “Prends soin de toi” (mais reste performant·e)
Dans certaines entreprises, on te dit de faire attention à ton équilibre vie pro / vie perso… tout en t’envoyant des mails à 22h. On t’offre des abonnements bien-être, mais on ne te laisse pas partir à 17h sans une remarque.
Alors comment s’y retrouver ?
- Pose des limites claires, même si elles ne plaisent pas à tout le monde.
- Sois cohérent·e entre tes besoins et tes actions.
- Rappelle que le bien-être n’est pas un obstacle à la performance : c’est une condition de la performance durable.
Et si on arrêtait de s’auto-juger ?
Parfois, la pression ne vient pas des autres, mais de soi-même. On se répète : “je devrais faire plus”, “je ne suis pas assez motivé·e”, “je n’ai pas le droit de me plaindre”.
Stop.
Tu n’es pas une machine. Tu n’as pas à “justifier” ton besoin de souffler. Tu n’as pas à attendre d’être épuisé·e pour t’autoriser une pause. Tu as le droit d’être fatigué·e, même si tu n’as “rien fait de spécial”. Tu as le droit de t’accorder de la douceur.
Des pistes pour (re)commencer à prendre soin de toi
Tu ne sais pas par où commencer ? Voici quelques idées accessibles, sans obligation ni pression :
1. Le “check-in” quotidien
Prends 2 minutes chaque matin pour te demander : “De quoi j’ai besoin aujourd’hui ?”
Pas ce que les autres attendent. Pas ce que tu “devrais” faire. Juste ce qui te ferait du bien.
2. Une vraie pause dans la journée
Pas une pause où tu scrolles LinkedIn ou tu replies à des mails. Une vraie pause. Pour respirer, marcher, appeler quelqu’un, ou simplement ne rien faire.
3. Repenser ton agenda
Plutôt que de le remplir à ras bord, essaie de laisser des zones de respiration. Un créneau libre ne doit pas forcément être rempli.
4. Réintroduire des micro-plaisirs
Un café au soleil. Une musique que tu aimes. Une sieste express. Un carnet dans lequel tu griffonnes. Ce sont souvent ces petits riens qui changent tout.
Le self-care, un acte militant ?
Dans une société qui valorise l’épuisement, s’occuper de soi peut devenir un acte de résistance. C’est dire : “Je refuse que ma valeur soit liée uniquement à ce que je produis.” C’est reprendre le pouvoir sur son temps, son corps, ses émotions.
Et si tu es manager, responsable RH, ou dirigeant·e, sache que ta posture a un effet d’exemple. Encourager (et incarner) une culture du soin est un levier de performance collective autant qu’un marqueur de responsabilité sociale.
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Tu as le droit de respirer
Prendre soin de toi n’est pas une faiblesse. C’est une intelligence émotionnelle. Une stratégie de long terme. Un choix de vie.
Alors oui, pose ce téléphone. Ferme cet ordi. Va marcher 10 minutes. Dis non. Dis oui. Pleure si tu en as besoin. Ris fort. Respire.
Et si tu n’as rien prévu ce week-end, c’est peut-être parfait comme ça.
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