Pour 2025, le gouvernement prévoit la suppression de 500 postes chez France Travail (ex-Pôle Emploi). À la place, ils proposent à l’opérateur public d’accompagner les bénéficiaires du RSA. Cependant, son directeur, Thibaut Guilluy, n’approuve pas ce choix. Celui-ci juge que l’externalisation d’un tel projet coûte deux fois plus cher que de le faire porter par des travailleurs sociaux des départements et des conseils France Travail. Voyons tout cela ensemble !
Suppression de 500 postes chez France Travail : un projet qui laisse le directeur dubitatif
Le 11 octobre 2024, le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, et le ministre chargé du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, ont présenté en Conseil des ministres le projet de loi de finances pour 2025.
Ce projet de loi a laissé un goût amer chez l’ensemble des syndicats de France Travail. Il prévoit de supprimer plus de 500 postes chez l’opérateur public. La raison ? Instaurer à partir du 1ᵉʳ janvier l’accompagnement des bénéficiaires du RSA sur tout le territoire.
Le directeur de France Travail, Thibaut Guilluy, dénonce ce projet en le qualifiant de « discutable ». Il a récemment été interviewé par l’Association des Journalistes de l’Information Sociale (AJIS). En répondant à leurs questions, Guilluy a rappelé que l’opérateur public avait engagé « un plan d’efficience » visant « à faire 2 900 ETP (équivalent temps plein) d’économies d’ici 2027 ». Selon lui, ces économies doivent être redéployées sur les nouvelles missions de France Travail, dont l’accompagnement des bénéficiaires du RSA.
Le directeur de France Travail a aussi mentionné le renforcement des contrôles des allocataires de l’assurance-chômage. Ces derniers devraient passer de 500 000 en 2023 à 1,5 million en 2027, dont plus de 600 000 prévus pour 2024. Les prospections pour les entreprises sont également passées de 100 000 à 200 000, et devraient monter jusqu’à 600 000 en 2027. Pareil pour la généralisation de dispositifs en faveur des handicapés et des jeunes peu qualifiés.
Les syndicats de France Travail sont préoccupés par la situation actuelle
Thibaut Guilluy refuse catégoriquement cette dégradation des conditions d’accompagnement. Pour cause, il s’est félicité du taux de retour à l’emploi de 42 % des bénéficiaires du RSA. Tous sont passés par l’expérimentation de l’accompagnement renforcé mis en place en 2024 dans 49 départements. « Si on voit que c’est un conseiller pour 50 à 60 personnes qui fait que c’est efficace et qu’il y a du retour à l’emploi, je ne vais pas pour des raisons administratives passer à un portefeuille de 1 (conseiller) pour 100 ou 150 bénéficiaires du RSA, parce que ça ne marche pas », a-t-il avancé.
Début novembre, les dix syndicats de France Travail ont tenu une conférence de presse. CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, SNAP, Sud, STC et Unsa ont tous fait part de leur « inquiétude » sur les effectifs, mais aussi le pouvoir d’achat des quelques 54 000 agents. Ils sont également préoccupés par le recours accru à l’externalisation, alors que le projet de loi de finances est actuellement examiné au Parlement.
Un représentant de la FSU a notamment fait comprendre son désarroi. « Nous ne sommes déjà pas suffisamment nombreux (…), avec une conjoncture économique qui est en train de se retourner », a-t-il déclaré. Certes, le gouvernement a mis en avant un financement « stabilisé » pour France Travail, à hauteur de 1,35 milliard d’euros. Mais les syndicats appuient sur le fait que cela ne prend pas en compte l’inflation, ce qui implique en réalité « une baisse mécanique », selon eux.