Il est 8h32 quand Malik longe les quais de la gare pour rejoindre la salle de réunion de la métropole. Devant lui, des cartes, des flux de circulation, des couleurs représentant les zones saturées, les pistes cyclables manquantes, les arrêts de bus sous-utilisés. Dans une heure, il présentera un scénario qui pourrait transformer la mobilité quotidienne de 300 000 habitants. Réduction de la voiture individuelle, intermodalité, lignes express, zones apaisées… tout semble simple sur le papier, mais chaque choix implique des arbitrages politiques, économiques et sociaux.
Malik vérifie une dernière fois ses données. L’enjeu n’est pas seulement de fluidifier un territoire : c’est de le rendre respirable.
Ce métier s’inscrit dans une dynamique plus large liée à la transition écologique. Pour découvrir l’ensemble des profils qui recrutent fortement, consultez notre dossier complet : Métiers verts & transition écologique : les 20 métiers qui vont exploser en 2026.
Ce que fait vraiment ce métier au quotidien
Le chef de projet mobilité durable imagine, planifie et coordonne les systèmes de déplacement d’un territoire. Il analyse les flux existants, écoute les besoins des habitants, échange avec les élus, collabore avec les services techniques, consulte les usagers, et traduit tout cela en projets concrets. Son quotidien oscille entre réunions stratégiques, travail de cartographie, rédaction d’études, concertation publique, visites de terrain et arbitrages délicats.
Il doit comprendre comment les gens se déplacent réellement, ce qui bloque, ce qui pourrait être amélioré, et quelle combinaison de solutions — bus, vélo, marche, covoiturage, train, navettes, pistes cyclables — permettra de réduire la dépendance à la voiture individuelle.
En réalité, il ne dessine pas seulement des trajets : il façonne la vie quotidienne d’un territoire.
Les compétences clés
Ce métier demande une vision systémique, capable de relier urbanisme, énergie, climat, habitudes sociales et contraintes techniques. Le chef de projet mobilité durable doit lire un plan autant qu’un bilan carbone, comprendre les logiques de trafic, anticiper les comportements humains et maîtriser les enjeux politiques.
Il lui faut une grande capacité de dialogue, un sens aigu de la pédagogie pour embarquer des acteurs aux intérêts parfois opposés, et une rigueur méthodologique pour transformer des idées ambitieuses en projets réalisables.
Il est à la fois analyste, médiateur, planificateur et négociateur.
Salaire 2026 : les vraies fourchettes
En 2026, un chef de projet mobilité durable débute généralement autour de 32 000 à 38 000 € bruts annuels, selon la taille de la collectivité ou de la structure de transport. Avec de l’expérience, notamment lorsqu’il pilote des projets de grande ampleur (lignes structurantes, schémas cyclables, concertations d’envergure), la rémunération se situe plutôt entre 42 000 et 50 000 €.
Les profils expérimentés, capables de gérer des enjeux métropolitains ou de concevoir des stratégies complètes de mobilité bas-carbone, atteignent régulièrement 55 000 € et plus.
Les variations sont fortes entre les collectivités rurales, les agglomérations et les métropoles.
Comment se former en 2026
La plupart des chefs de projet mobilité durable viennent de formations en urbanisme, transport, aménagement du territoire, ingénierie ou environnement. Certains arrivent par reconversion depuis la logistique, l’énergie, la planification ou des métiers techniques.
En 2026, les formations spécialisées en mobilité durable, en planification multimodale, en design des mobilités ou en politiques publiques se multiplient, souvent financées par le CPF, les OPCO ou dans le cadre de programmes territoriaux.
La montée en compétences est continue : la réglementation évolue, les solutions techniques se modernisent, les attentes citoyennes se transforment.
C’est un métier où l’on apprend sans cesse.
Évolution et débouchés
Avec l’expérience, le chef de projet mobilité durable peut devenir responsable mobilité, directeur d’un service transport, chef de projet infrastructures, consultant en planification des mobilités, ou encore expert en transition énergétique appliquée aux transports.
Il peut rejoindre une collectivité, un opérateur de transport, un bureau d’études, une agence d’urbanisme ou un ministère. Les mobilités actives et la décarbonation ouvrent aussi de nouveaux débouchés, notamment dans la reconversion routière et l’urbanisme tactique.
Pourquoi ce métier recrute / tensions
Les territoires sont confrontés à une double urgence : les émissions liées aux transports, et la saturation des déplacements urbains. Les collectivités doivent proposer des alternatives crédibles à la voiture, développer les mobilités douces, restructurer les réseaux de transport, réduire les nuisances et anticiper les mobilités de demain.
Mais pour mener ces transformations, elles manquent de professionnels capables de comprendre à la fois la technique, le territoire et la dynamique sociale.
La tension est forte : chaque ville, chaque agglomération, chaque région cherche des chefs de projet mobilité durable.
Inconvénients réels du métier
Le métier est passionnant, mais exigeant. Il demande de composer avec des contraintes budgétaires, des délais parfois irréalistes, des élus aux visions divergentes et des habitants attachés à leurs habitudes. La concertation peut être intense, les arbitrages délicats, et les projets prennent souvent du temps avant de se concrétiser.
Pourtant, chaque avancée — une ligne de bus améliorée, une piste cyclable sécurisée, un centre-ville apaisé — donne un sens profond au travail réalisé.
Pour qui c’est fait ? Pour qui ce n’est pas fait ?
Ce métier convient à ceux qui aiment réfléchir à l’échelle d’un territoire, comprendre les besoins des habitants, imaginer des solutions concrètes et travailler dans un environnement où la technique rencontre la politique. Il attire les profils patients, diplomates, méthodiques, capables de tenir un cap malgré les résistances.
Il conviendra moins à ceux qui recherchent un cadre stable, peu exposé ou éloigné des réalités de terrain.
Mini-FAQ 2026
Beaucoup se demandent si ce métier nécessite une formation technique pointue. Pas forcément : ce qui compte, c’est la capacité à comprendre les systèmes de mobilité et à les traduire en projets cohérents.
D’autres s’interrogent sur la pérennité du métier : elle est totale. Les politiques publiques de mobilité bas-carbone vont continuer de s’intensifier.
Enfin, certains se demandent si l’on peut évoluer rapidement : oui, car les territoires ont besoin de profils capables de coordonner des projets complexes et d’articuler plusieurs services.
Pour partager vos retours d’expérience, échanger sur les formations ou poser vos questions sur les débouchés, vous pouvez rejoindre le forum Mondedutravail.fr, où une communauté d’agents territoriaux et d’experts mobilité répond quotidiennement.
Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à découvrir nos fiches premium consacrées au chargé de mission climat énergie et au consultant en transition écologique, deux métiers étroitement liés aux enjeux de mobilité durable.

