Il est 7h58 lorsqu’Antoine, data analyst carbone dans un grand groupe logistique, ouvre son ordinateur encore tiède. Les premiers tableaux commencent à se charger : émissions du Scope 1, données de consommation des entrepôts, facteurs d’émission, résultats fournisseurs… À dix heures, il doit présenter le premier modèle de projection carbone au directeur des opérations. Sur son écran, les courbes se croisent, certaines s’aplatissent trop lentement. Il ajuste un paramètre, revoit une hypothèse, vérifie trois fois une série de données incohérente.
Quand la simulation se stabilise enfin, Antoine esquisse un sourire : si l’entreprise applique ce scénario, elle peut réduire ses émissions de 36 % en cinq ans. Le chiffre n’est pas qu’une donnée abstraite — il conditionne désormais les choix stratégiques de sa direction.
Ce métier s’inscrit dans une dynamique plus large liée à la transition écologique. Pour découvrir l’ensemble des profils qui recrutent fortement, consultez notre dossier complet : Métiers verts & transition écologique : les 20 métiers qui vont exploser en 2026.
Ce que fait vraiment ce métier au quotidien
Le data analyst carbone ou ESG transforme des masses de données brutes en signaux lisibles pour l’entreprise. Son quotidien oscille entre extraction de données, nettoyage, vérification, modélisation et interprétation. Il doit comprendre d’où viennent les émissions, comment elles évoluent, quels leviers sont réellement efficaces et quelles trajectoires futures sont crédibles.
Dans la pratique, il fusionne des bases hétérogènes, détecte des incohérences, développe des modèles prédictifs, documente ses hypothèses, dialogue avec les opérationnels pour mieux comprendre les réalités du terrain, puis traduit le tout en recommandations compréhensibles pour les décideurs.
C’est lui qui permet à une organisation de passer de l’intuition au pilotage rationnel.
Les compétences clés
Pour exceller dans ce métier, il faut associer rigueur scientifique et intelligence pratique. Le data analyst carbone doit savoir manipuler des datasets complexes, comprendre les facteurs d’émission, maîtriser les principes du bilan carbone, naviguer dans les normes ESG et interpréter la réglementation européenne. Mais surtout, il doit savoir raconter une histoire à partir de la donnée : expliquer pourquoi une courbe monte, pourquoi un levier ne fonctionne pas, pourquoi un scénario est meilleur qu’un autre.
Il jongle entre technique, pédagogie et sens de la nuance, car une information mal interprétée peut orienter une décision stratégique dans la mauvaise direction.
Son travail exige autant de précision que de discernement.
Salaire 2026 : les vraies fourchettes
En 2026, la tension sur les profils ESG fait grimper les rémunérations. Un data analyst carbone débute souvent autour de 38 000 à 45 000 € bruts annuels, selon le secteur et la complexité des missions. Les profils confirmés, capables de modéliser des scénarios avancés ou de piloter des bases de données transversales, se situent davantage entre 50 000 et 60 000 €.
Les experts dotés d’une double compétence data + climat, très recherchés, dépassent couramment 65 000 à 75 000 €, notamment dans l’industrie, la finance durable ou les grands groupes soumis à un reporting exigeant.
C’est aujourd’hui l’un des métiers ESG les mieux valorisés.
Comment se former en 2026
Les parcours sont variés : certains viennent de la data pure, d’autres des métiers climat. Beaucoup construisent leur expertise à l’intersection des deux mondes. Les masters en data science, en climat, en économie de l’environnement ou en ingénierie énergétique sont des portes d’entrée fréquentes. Les reconversions réussissent lorsqu’elles s’appuient sur une montée en compétences concrète : bases du bilan carbone, Scopes 1-2-3, structure des facteurs d’émission, fondamentaux ESG, principes de modélisation.
En 2026, les formations spécialisées — souvent financées via le CPF, France Travail, les OPCO ou les entreprises elles-mêmes — se multiplient pour répondre à la demande croissante.
C’est un métier où la veille est permanente : les méthodologies évoluent, les réglementations changent, les données s’affinent.
Évolution et débouchés
Avec l’expérience, un data analyst carbone peut devenir référent carbone, chef de projet décarbonation, responsable ESG, expert reporting, manager data climat ou rejoindre des cabinets spécialisés pour accompagner plusieurs entreprises. Certains se tournent vers la finance durable, les cabinets d’audit ou la modélisation de trajectoires climatiques à grande échelle.
Le poste ouvre également des débouchés vers la stratégie bas-carbone, l’analyse de risques climatiques ou le pilotage RSE.
Pourquoi ce métier recrute / tensions
Les entreprises font face à une explosion de leurs obligations : bilans carbone complets, scénarios de réduction, CSRD, reporting ESG, demandes des investisseurs, pression réglementaire. Or, sans données fiables, rien n’est pilotable.
Les organisations cherchent donc des profils capables de collecter, fiabiliser, analyser et traduire la data carbone en décisions opérationnelles.
Mais les talents capables de manipuler la donnée tout en maîtrisant les enjeux climatiques restent rares. La tension est forte, et les salaires suivent.
Les besoins vont encore doubler dans les cinq prochaines années.
Inconvénients réels du métier
Le métier est passionnant, mais exigeant. La qualité des données n’est pas toujours optimale, les sources sont multiples, les opérationnels n’ont pas toujours les mêmes pratiques de reporting, et la réglementation évolue vite. Le data analyst carbone doit composer avec des incertitudes, des délais serrés et des demandes parfois contradictoires.
Il doit accepter que sa rigueur soit invisible lorsque tout va bien, mais vivement interrogée lorsque les chiffres ne plaisent pas.
C’est un poste où l’on porte une grande responsabilité silencieuse : celle de garantir la vérité des chiffres.
Pour qui c’est fait ? Pour qui ce n’est pas fait ?
Ce métier convient aux esprits analytiques, curieux, patients, capables de trouver du sens dans la donnée et d’expliquer leurs résultats avec clarté. Il attire ceux qui aiment comprendre en profondeur ce qui se cache derrière les chiffres, qui apprécient la modélisation et qui veulent contribuer à la décarbonation de manière tangible.
Il conviendra moins à ceux qui recherchent un métier 100 % terrain, une routine linéaire ou un environnement faiblement technique.
Mini-FAQ 2026 intégrée
Une question revient souvent : faut-il être data scientist pour réussir dans ce métier ? Pas nécessairement. Ce qui compte, c’est la capacité à manier la donnée avec rigueur tout en comprenant les mécanismes carbone et ESG.
D’autres s’interrogent sur la pérennité du métier : elle est totale. Tant que la décarbonation sera un objectif national et européen, le besoin d’analyse carbone restera colossal.
Enfin, beaucoup se demandent si ce métier est une porte vers la RSE ou le climat : oui, clairement. C’est même l’un des tremplins les plus solides vers les postes stratégiques ESG.
Pour échanger avec d’autres professionnels de la data climat, comparer vos outils ou partager vos expériences de reporting, vous pouvez rejoindre le forum Mondedutravail.fr, où une communauté active discute chaque jour des métiers ESG.
Et pour aller plus loin, découvrez aussi nos fiches premium sur le responsable RSE ou le consultant en transition écologique, deux postes étroitement liés au travail du data analyst carbone.

