En France, la question de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes reste au cœur des débats sociaux. Et si certains indicateurs montrent une amélioration progressive, un domaine continue de cristalliser les inégalités : la retraite. Malgré les réformes successives et les discours politiques, l’écart de pension entre les femmes et les hommes demeure abyssal. Pourquoi cet écart reste-t-il si important ? Comment l’expliquer, et surtout, que faire pour y remédier ?
Un constat chiffré qui alarme
Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), en 2023, la pension moyenne des femmes était inférieure de près de 40 % à celle des hommes. Certes, cet écart se réduit si l’on prend en compte les droits dérivés (comme les pensions de réversion), mais la différence demeure flagrante : environ 28 % d’écart persiste encore aujourd’hui.
Ces chiffres traduisent une réalité implacable : au moment de faire valoir leurs droits, les femmes perçoivent une retraite significativement plus faible, ce qui entraîne des conséquences directes sur leur niveau de vie, en particulier lorsqu’elles vieillissent seules.
👉 Sur le site Service-Public.fr, on retrouve les dispositifs de retraite et leurs conditions, qui permettent de mieux comprendre les règles de calcul.
Pourquoi un tel écart subsiste-t-il ?
L’écart de retraite entre les femmes et les hommes ne s’explique pas par une seule cause, mais par un enchaînement de facteurs liés à la carrière, aux choix de vie et aux inégalités persistantes sur le marché du travail.
1. Des carrières plus hachées
L’une des raisons principales tient au parcours professionnel. Beaucoup de femmes interrompent ou ralentissent leur activité pour élever leurs enfants ou s’occuper de proches dépendants. Ces périodes de temps partiel, de congé parental ou de chômage subi entraînent moins de trimestres validés et une baisse du salaire de référence utilisé pour calculer la pension.
À l’inverse, les hommes connaissent en moyenne des carrières plus linéaires et plus longues, ce qui leur assure une meilleure continuité contributive.
2. Le poids du temps partiel
En France, près de 80 % des salariés à temps partiel sont des femmes (données INSEE). Ce choix est parfois volontaire, mais souvent contraint par la difficulté de concilier vie professionnelle et vie familiale. Or, qui dit temps partiel dit salaire plus faible, cotisations réduites et donc, retraite amoindrie.
3. Les inégalités salariales persistantes
Il serait impossible de parler de l’écart de retraite sans évoquer les écarts de salaire. En 2025, les femmes continuent de gagner en moyenne 15 % de moins que les hommes à poste équivalent. Cette différence, accumulée tout au long de la carrière, se répercute directement sur les pensions.
Cet article de mondedutravail.fr sur les inégalités salariales détaille d’ailleurs les raisons profondes de ce phénomène, entre plafond de verre et ségrégation des métiers.
4. Les métiers féminisés, moins rémunérateurs
De nombreuses femmes exercent dans des secteurs dits « féminisés » : santé, social, éducation, commerce… Des métiers essentiels mais encore sous-valorisés. Les salaires y sont globalement plus bas, et la progression de carrière souvent limitée, ce qui se répercute sur le montant des retraites.
5. Les règles du système de retraite
Le système de retraite français est basé sur la durée d’assurance et le niveau des salaires. Les carrières discontinues, les périodes de temps partiel et les revenus moindres entraînent donc mécaniquement des pensions plus faibles pour les femmes.
Certes, il existe des mesures compensatoires (trimestres pour enfants, majoration pour maternité, pension de réversion), mais elles ne suffisent pas à compenser totalement l’écart.
Les réformes : un progrès… très limité
Ces dernières années, plusieurs réformes ont été présentées comme des leviers de réduction des inégalités. La réforme des retraites de 2023, par exemple, a maintenu des dispositifs favorables aux femmes, notamment la prise en compte des trimestres liés à la maternité.
Mais dans les faits, les écarts subsistent.
En réalité, certaines réformes ont même pu fragiliser davantage les femmes. En repoussant l’âge légal de départ, elles allongent des carrières déjà marquées par des interruptions, ce qui rend plus difficile l’atteinte d’une retraite à taux plein.
👉 Pour un suivi précis de ces évolutions, le site Vie-publique.fr met à disposition des dossiers complets sur les réformes en cours.
Les conséquences sociales de l’écart de pension
L’inégalité de retraite n’est pas seulement une question de chiffres : c’est aussi une réalité sociale.
- Un risque accru de pauvreté : les femmes âgées seules, en particulier les veuves et les divorcées, sont plus exposées à la précarité.
- Une dépendance économique : beaucoup de femmes comptent sur la pension de réversion, ce qui peut fragiliser leur autonomie financière.
- Des choix de vie contraints : certaines femmes doivent continuer à travailler plus longtemps, accepter des emplois précaires ou réduire drastiquement leur niveau de vie.
Vers une égalité réelle : quelles pistes ?
Réduire l’écart de pension entre les femmes et les hommes est un enjeu de société. Plusieurs leviers peuvent être activés :
- Agir en amont sur les inégalités salariales
Tant que les salaires resteront inégaux, les retraites le seront aussi. L’égalité salariale doit être renforcée, avec des contrôles et sanctions plus stricts. - Valoriser les carrières discontinues
Il est nécessaire de mieux prendre en compte les périodes de congé parental ou de soin apporté à un proche dans le calcul de la retraite. - Revaloriser les métiers féminisés
Les professions du soin, de l’éducation et du social méritent une reconnaissance réelle, tant sur le plan symbolique que salarial. - Encourager le partage des tâches domestiques et familiales
En favorisant une meilleure répartition entre hommes et femmes, on limite les interruptions de carrière pour les femmes. - Renforcer les dispositifs spécifiques
Les trimestres de majoration pour enfants, les pensions de réversion ou encore les aides à la retraite anticipée doivent être repensés pour mieux répondre aux réalités des carrières féminines.
Une question de justice sociale
Au-delà des chiffres, la retraite des femmes interroge la société française sur sa capacité à instaurer une véritable égalité. Car derrière les statistiques, ce sont des millions de femmes qui voient leurs efforts professionnels et familiaux moins reconnus, et qui affrontent la vieillesse dans des conditions plus difficiles.
Si les écarts se réduisent lentement, ils demeurent encore trop importants. Pour les générations futures, il ne suffit pas de compter sur le temps : il faut des mesures volontaristes, capables de transformer en profondeur le rapport entre travail, salaire et reconnaissance sociale.
FAQ : retraites des femmes
Pourquoi la pension des femmes est-elle plus faible que celle des hommes ?
Parce que leurs carrières sont souvent plus courtes, plus hachées et moins rémunératrices, et que les métiers féminisés restent sous-payés.
Les femmes partent-elles plus tard à la retraite que les hommes ?
Pas nécessairement. Mais leurs carrières étant souvent incomplètes, elles doivent parfois travailler plus longtemps pour valider tous leurs trimestres.
La pension de réversion compense-t-elle l’écart ?
Elle aide, mais elle ne gomme pas les inégalités structurelles. En moyenne, même avec la pension de réversion, l’écart reste de 28 %.
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