Stress permanent, tensions avec les collègues, perte de motivation, burn-out… Si vous avez déjà ressenti l’un de ces symptômes dans votre vie professionnelle, vous avez peut-être été confronté à un risque psychosocial, aussi appelé RPS. Aujourd’hui, ces risques invisibles mais bien réels touchent un nombre croissant de salariés, tous secteurs confondus.
À l’heure où la qualité de vie au travail devient un enjeu central pour les entreprises, comprendre les risques psychosociaux n’est plus réservé aux experts RH ou aux managers. Chaque salarié doit être capable de les identifier, de reconnaître les signaux d’alerte et de connaître les recours possibles.
Dans ce guide complet, nous allons explorer :
- Ce que sont concrètement les RPS
- Leurs principales causes et manifestations
- Leurs conséquences sur la santé et le collectif de travail
- Et surtout, comment agir pour s’en prémunir
🔎 Que vous soyez en poste, en reconversion ou en recherche d’un environnement de travail plus sain, cet article vous donne les clés essentielles pour mieux comprendre et faire face aux risques psychosociaux.
Qu’est-ce qu’un risque psychosocial (RPS) ?
Le terme « risque psychosocial » désigne un ensemble de situations de travail susceptibles de générer du stress, de la souffrance mentale ou des troubles psychiques. Ces risques peuvent affecter la santé des salariés, leur bien-être au travail et leur efficacité professionnelle.
Selon l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), les RPS regroupent principalement :
- Le stress (lié à un déséquilibre entre les exigences du poste et les ressources disponibles)
- Le harcèlement moral ou sexuel
- Les violences internes (conflits entre collègues, tensions avec la hiérarchie)
- Les violences externes (agressions verbales ou physiques de la part de clients, usagers, etc.)
- La souffrance éthique ou perte de sens (impression de travailler à l’encontre de ses valeurs)
Ces facteurs ne sont pas toujours visibles. Pourtant, leurs effets sont bien réels, tant sur la santé des salariés que sur le fonctionnement des organisations.
Les principales causes des risques psychosociaux
Les RPS peuvent découler de nombreux facteurs. On peut les regrouper en six grandes catégories, selon le modèle de Gollac, largement utilisé par les experts en prévention.
1. L’intensité et le temps de travail
Un rythme effréné, des heures supplémentaires régulières, une charge de travail excessive, une pression constante pour atteindre des objectifs : tous ces éléments créent un stress chronique. À long terme, cela peut entraîner un épuisement professionnel (burn-out).
2. Les exigences émotionnelles
Certains métiers nécessitent une forte implication émotionnelle : personnel soignant, enseignants, travailleurs sociaux, vendeurs, etc. Devoir toujours paraître empathique, patient, ou gérer des situations de détresse sans soutien peut provoquer une fatigue émotionnelle.
3. Le manque d’autonomie
Quand un salarié a peu de marge de manœuvre dans l’organisation de son travail, cela crée un sentiment de frustration et d’impuissance. Le manque de reconnaissance de ses compétences renforce encore ce malaise.
4. Les relations de travail dégradées
Les conflits avec les collègues, le manque de communication, les attitudes autoritaires ou l’absence de soutien de la hiérarchie favorisent un climat toxique et anxiogène.
5. L’insécurité de la situation de travail
L’instabilité de l’emploi (CDD, intérim, menaces de licenciement), les restructurations permanentes, ou encore l’absence de perspectives d’évolution génèrent une anxiété durable.
6. Le conflit de valeurs
Lorsqu’un salarié estime que son travail va à l’encontre de ses convictions profondes, ou qu’il doit renoncer à faire un travail de qualité par manque de temps ou de moyens, cela peut entraîner une souffrance éthique.
Quels sont les signes et conséquences des RPS ?
Sur les individus
Les effets des RPS sur la santé peuvent être nombreux :
- Fatigue persistante
- Troubles du sommeil
- Anxiété, irritabilité
- Perte d’estime de soi
- Troubles musculo-squelettiques (TMS)
- Dépression, voire idées suicidaires
Ces troubles peuvent aussi avoir des répercussions familiales et sociales importantes : isolement, conflits, perte de lien social.
Sur l’entreprise
Les risques psychosociaux ne sont pas qu’un problème individuel. Ils impactent aussi lourdement les organisations :
- Absentéisme accru
- Turnover important
- Baisse de la motivation
- Diminution de la qualité du travail
- Accidents du travail
- Dégradation du climat social
- Perte de productivité
Selon une étude de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, le coût du stress au travail en Europe est estimé à plus de 240 milliards d’euros par an.
Comment prévenir les risques psychosociaux ?
La prévention des RPS repose sur une démarche structurée et collective. Elle implique à la fois la direction, les managers, les représentants du personnel et les salariés.
Voici les principales étapes d’une démarche de prévention efficace :
1. Évaluer les risques
L’évaluation des risques psychosociaux doit être intégrée dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Cette analyse doit prendre en compte les conditions de travail, les organisations, les rapports hiérarchiques, etc.
👉 Vous pouvez utiliser des outils comme des questionnaires anonymes, des entretiens, ou des groupes de discussion pour recueillir la parole des salariés.
2. Mettre en place des actions concrètes
À partir des résultats, il faut identifier les priorités et proposer des actions :
- Amélioration des conditions de travail
- Meilleure organisation des tâches
- Formation des managers au management bienveillant
- Instaurer des espaces d’échanges ou de médiation
- Renforcer la reconnaissance du travail bien fait
3. Former et sensibiliser
Il est essentiel de former les managers, les représentants du personnel et les salariés aux enjeux des RPS, à la gestion du stress, à la communication bienveillante et à la détection des signaux faibles.
4. Suivre et ajuster les actions
La prévention des risques psychosociaux est un travail de long terme. Il convient donc de mettre en place des indicateurs, d’évaluer régulièrement l’impact des actions et d’ajuster si nécessaire.
Exemples concrets d’entreprises ayant agi contre les RPS
Exemple 1 : Une PME dans le secteur du bâtiment
Confrontée à un taux d’absentéisme important, cette entreprise a mené une enquête interne qui a révélé un stress lié à la surcharge de travail et à l’urgence permanente. En réorganisant les plannings, en embauchant un ouvrier supplémentaire et en formant les chefs d’équipe à la gestion du stress, elle a réduit les arrêts maladie de 35 % en un an.
Exemple 2 : Une collectivité territoriale
Dans cette administration, des conflits fréquents entre services ont été identifiés. Un dispositif de médiation interne a été mis en place, accompagné de formations à la communication non-violente. Résultat : un meilleur climat social et une augmentation de la satisfaction des agents.
FAQ sur les risques psychosociaux
Quels métiers sont les plus exposés aux RPS ?
Les métiers de la santé, de l’éducation, de la relation client, de la sécurité, ou encore du social sont particulièrement exposés en raison de la forte charge émotionnelle, du contact avec le public, et de l’intensité du travail.
Les RPS sont-ils reconnus comme maladie professionnelle ?
Les troubles liés aux RPS peuvent, dans certains cas, être reconnus comme maladie professionnelle, mais cette reconnaissance est encore difficile. En revanche, ils peuvent donner lieu à une inaptitude ou à un arrêt de travail pris en charge par l’Assurance Maladie.
Un employeur est-il obligé d’agir contre les RPS ?
Oui. Selon le Code du travail (article L4121-1), l’employeur a l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Pour aller plus loin
- Document Unique d’Évaluation des Risques (DUERP) : Guide Complet pour Entreprises
- Santé mentale au travail : quels leviers pour prévenir l’épuisement professionnel ?
- Le management bienveillant : une réponse aux tensions du travail moderne
- Burn-out : reconnaître les signes avant-coureurs et s’en protéger durablement
Les risques psychosociaux ne sont pas une fatalité. Ils sont le reflet des dysfonctionnements au sein des organisations, mais aussi le symptôme d’un monde du travail en mutation. En les identifiant et en agissant à la source, il est possible de construire un environnement de travail plus sain, plus respectueux et plus performant.
👉 La clé ? Une écoute active, une implication collective et une volonté de changement.
Ressources complémentaires externes
- INRS – Risques psychosociaux : ce qu’il faut retenir
Ameli.fr – RPS : obligations de l’employeur et prévention
Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail – Coûts des RPS
Organisation Internationale du Travail – Le stress au travail : un défi collectif (PDF)
INSPQ – Les risques psychosociaux du travail au Québec